Endométriose par le Docteur Anne-Christine Della Valle

Image de présentation de la formation

Endométriose : enfin des solutions innovantes après l’errance et le calvaire
L’endométriose, trouble inflammatoire chronique et fréquent reste un sujet de controverse et d’incertitudes, qui est à l’origine d’une errance diagnostique fréquente et de difficultés physiques et psychologiques chez les patientes qui en sont atteintes. Une meilleure connaissance de cette pathologie, des méthodes de diagnostic et une approche plus subtile, notamment dans le choix du discours du praticien, sont indispensables, surtout lorsque l’on sait que cette pathologie n’est apparue au programme des études de médecine que depuis 2020…
L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique qui affecte près de 10% des femmes en âge de procréer. Elle provoque, entre autres, d’intenses douleurs abdomino-pelviennes , des troubles digestifs, de l’infertilité… La variété de ces symptômes en rendent le diagnostic difficile. L’examen de première intention reste l’échographie trans-vaginale en raison de sa simplicité et de son rapport coût efficacité mais les limites de cet examen amènent souvent à la réalisation de d’une IRM, notamment lorsqu’une discussion chirurgicale s’impose. De nouvelles hypothèses sur la genèse de cette pathologie complexe s’orientent vers une altération du microbiote en raison des dysfonctionnements immunitaires induits par la dysbiose. Cette hypothèse, n’est pas encore prouvée mais pourrait amener à de nouvelles pistes de prise en charge.

 

 

Une meilleure approche pour mettre fin au calvaire
Face à la détresse de certaines patientes, des chercheurs ont mené une étude, parue récemment dans le Journal of Women’s Health (2)qui avait pour but d’ interroger 1000 patientes atteintes d’endométriose et ayant traversé le parcours diagnostic et thérapeutique afin qu’elles évoquent des idées pour améliorer cette prise en charge. Ces femmes faisaient partie de la cohorte ComPare endométriose, qui correspond à une Communauté de patients pour la recherche de l’AP-HP. Elles ont toutes répondu à un questionnaire en ligne et environ 2500 propositions ont été recueillies. L’analyse des réponses était pluridisciplinaire : chercheurs, praticiens, soignants et patientes. Des axes d’amélioration sont ressortis portant principalement sur une meilleure écoute des patientes et une meilleure connaissance de la maladie par les soignants. La simplification de la démarche diagnostique a été un thème récurrent dans les réponses apportées par ces femmes. Ceci a son importance lorsque l’on sait qu’actuellement, le délai moyen entre les premiers symptômes et le diagnostic de certitude est de 7 ans. Certaines patients ont même évoqué une forme de « violence médicale »… Une journaliste et auteur, Nantcy Leone, témoigne à travers son ouvrage Endométriose, PMA, comment mieux vivre ton parcours,(1), de son long et douloureux parcours de patiente atteinte d’endométriose : une petite bible de pistes, de mesures hygiéno-diététiques, d’acupuncture, de médecines douces pour apporter l’apaisement, même temporaire.

 

 

Un véritable espoir avec les tests salivaires
Le parcours du combattant que font les femmes atteintes d’endométriose est souvent éprouvant tant sur la plan physique que sur le plan psychologique. Des chercheurs ont donc mené des réflexions visant à simplifier les méthodes diagnostiques de cette maladie complexe. Une entreprise française, Ziwig, a élaboré un test salivaire, qui a récemment été validé par une étude publiée dans le New England Journal Of Medicine(3). Les résultats de ce travail ont démontré la fiabilité de ce test non -invasif : un diagnostic en seulement 7 jours avec un test salivaire ! Ce test a une sensibilité et une spécificité supérieures à 95% et est fondé sur deux technologies modernes et précises : le séquençage à haut débit et l’intelligence artificielle. Le séquençage permet d’identifier des ARN non codants de très petite taille (micro-ARN), qui seraient responsables des lésions d’endométriose. Son utilisation est déjà approuvée dans de nombreux pays dont l’Allemagne, la Suisse et le Royaume Uni. Les autorités sanitaires françaises, souvent un peu frileuses, devraient autoriser son utilisation avant la fin de l’année 2023. Cet outil permettrait d’accélérer significativement l’identification de la première cause d’infertilité et sa prise en charge.

 

 

En conclusion, la recherche se penche enfin sur la physio pathogénie de l’endométriose et sur la pris en charge globale des patientes qui font face à un parcours du combattant. Les chercheurs, les soignants et les patientes doivent faire équipe pour mieux aborder et traiter cette maladie, trop fréquente et trop sous-estimée.

 

 

Références bibliographiques :

  1. Endométriose, PMA, comment mieux vivre ton parcours, Nantcy Leone, paru chez Fauves Éditions (groupe L’Harmattan)
  2. Patients' Perspectives on How to Improve Endometriosis Care: A Large Qualitative Study Within the ComPaRe-Endometriosis e-Cohort | Journal of Women's Health (liebertpub.com)
  3. Validation of a Salivary miRNA Signature of Endometriosis — Interim Data | NEJM Evidence
  4. DOI: 10.1016/j.ejrad.2022.110610
  5. DOI: 10.3389/fendo.2023.1140774
  6. DOI: 10.1016/j.fertnstert.2023.01.034